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VERDUN / VARENNES : étymologie

08bis) Résumé plus succinct

La pierre votive est dédiée à un dieu VERAVDVNVS (au datif VERAVDVNO donc) considéré comme le génie protecteur de l’endroit où il était vénéré, et il s’agit d’une divinité dite pour cela « topique », dont le nom gaulois renvoie au toponyme VERAVDVNVM. La colline où l’inscription a été trouvée était réputée pour ses sources guérisseuses et on y avait construit une sorte de panthéon dont ce dieu même faisait partie. Jusqu’ici pour les différents Verdun, la forme la plus ancienne connue était VIRODVNVM alternant avec VERODVNVM, d’où une foule d’interprétations erronées du sens de ce toponyme. La forme plus ancienne ainsi retrouvée ne peut que s’analyser en VER-AV-DVNVM, avec un racine gauloise représentée par VER, signifiant ‘eau’ (alors que le latin rendait cette notion par AQUA), ce VER étant suivi d’un suffixe également gaulois -AV-, comparable pour le sens au -OS- qu’on a dans AQVOSVS et lui-même suivi du nom commun, gaulois là encore, DVNVM (qui, pris isolément, a donné Dun-sur-Meuse par ex.) et qui renvoie à l’idée de place (très précisément délimitée, d’où l’évolution vers le sens de place-forte). Autrement dit, VERAVDVNVM signifie la place(-forte) aqueuse (au sens où elle regorgeait d’eau).

On en a la confirmation par la description que fait Richer de Reims (historien a fin du Xe siècle) lors qu’il décrit Verdun comme une « civitas non solum scatens fontibus puteisque, incolis accommoda, sed etiam, fluvio Mosa eam a prerupta parte abluente, nemorosa. » « une cité qui non seulement regorge de sources et de puits, offrant un grand confort à ses habitants, mais est en plus très boisée du fait que les eaux du fleuve Meuse viennent l’effleurer du côté de son flanc abrupt » [NOTE 1]. Même si l’environnement a changé depuis, on sait néanmoins qu’il existe sous la ville-haute des puits qui ont dû remplir leur rôle jusqu’à une certaine date et supposent donc qu’il y avait là autrefois une nappe phréatique ayant pu aussi alimenter des sources. On sait aussi que les Gaulois vouaient un véritable culte aux sources, ce qui est le cas à l’endroit où s’élevait le temple où a été découverte la pierre votive du Luxembourg dédiée à VERAVDVNOS, à savoir le Wirtenberg, où Wirten est la forme locale de Verdun. Cela est attesté aussi pour Verdun même, par les légendes entourant la vie de Saint-Vannes et le cérémonial qui était celui des processions en son honneur jusqu’au XVIIIe s., d’après l’abbé Clouët. On y promenait l’image d’un dragon, symbole justement du culte païen des sources que Saint-Vannes avait fait bannir de la colline à qui on avait donné son nom. Mieux vaut ces légendes que bien d’autres qui courent actuellement sur l’origine du toponyme Verdun et autres sujets concernant en particulier la topographie ancienne du Verdun meusien.

[NOTE 1] Je signale au passage que la description de Richer de Reims (huit lignes en tout) balaie toutes les légendes qui peuvent courir maintenant sur le cours ancien de la Meuse à hauteur de Verdun, sur l’endroit par où arrivait la voie romaine pour donner accès à la cité. A réexaminer aussi l’identification de la Scance, parfois confondue avec ce qui n’était qu’un de ses affluents venant de l’ensellement séparant alors (car il a ensuite été partiellement comblé) l’ancien castellum (Châtel) du bois qui couvrait le Mont Saint-Vannes, devenu plus tard citadelle. J’y reviendrai un jour, si j’ai le temps, car, à Verdun, on ignore trop souvent ce qu’est le retour aux documents anciens, pour une étude critique, et on préfère parfois jouer aux « copistes de copistes », selon l’expression d’un historien local (comme quoi, heureusement, tous ne sont pas dans ce cas !).

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